Les Lumières de la Conscience

Comme nous l’avons vu dans le dernier opus, Saint Bernard de Clairvaux, le fondateur de l’ordre des Cisterciens et l’homme d’Église le plus influent de son époque, rédigea en 1128 le règlement des Templiers (« l’Ordre ») qui en fit officiellement un ordre religieux.

Cependant, contrairement aux apparences, les cérémonies d’initiation des Templiers étaient au croisement de plusieurs traditions dont le soufisme et la sagesse salomonique du Temple. Les candidats devaient affronter des épreuves terrifiantes, proches de celles que traversaient autrefois les adeptes de Zarathoustra (voir Ouroboros 7).

Ces confrontations avec les démons allaient revenir hanter les Templiers mais, pendant au moins deux cents ans, leur esprit de corps et leur organisation unique leur permirent d’influencer et de diriger les affaires du monde (voir Ouroboros 15).

Cependant, à partir du XIIIe siècle, l’incursion massive des connaissances arabes dans le monde occidental allait aussi faire évoluer profondément la conscience, permettre d’accéder aux œuvres grecques, de développer la capacité de penser longuement et de manière abstraite, de renforcer et d’affiner l’intelligence ou encore de jongler avec les concepts.

L’Europe avait désormais accès aux œuvres d’Aristote, de Ptolémée, de Gallien, d’Avicenne ou encore d’Averroès, qui permirent aux sciences occultes, à la magie, à l’alchimie, à l’astrologie et au gnosticisme (Bogomiles, Cathares, Sabéens…) d’exercer une forte influence.

Mentionnés brièvement par le Coran ou des sources arabes du VIIe siècle, les Sabéens étaient décrits comme des disciples de Jean-Baptiste et pratiquaient une religion judéo-chrétienne.

Selon les auteurs musulmans, les Sabéens suivaient le quatrième livre de la tradition abrahamique, « le Zabur » (identifié aujourd’hui comme une version du livre des Psaumes de la Bible) et qui, d’après le Coran, fut donné à David, l’ancien roi d’Israël.

Ils vivaient à Mésène dans le sud de la Mésopotamie, à Sawad (au Yémen), à Kutha en Irak (près de Babylone), à Mossoul ou encore dans la Characène, mais une communauté de gnostique Sabéens vivait aussi en haute Mésopotamie, dans le Harran (au nord de Bagdad) et bénéficiait d’une certaine tolérance de la part de l’Islam.

Le gnosticisme exerça probablement une influence sur le schisme de 1054 entre l’Église d’Occident (celle de Pierre à Rome) et celle d’Orient (le patriarcat de Constantinople).

La Gnose (venant du grec gnôsis : connaissance) deviendra au Moyen Âge un ésotérisme essentiellement chrétien qui propagera l’idée qu’un Dieu bon et ineffable et qu’un « démiurge » mauvais agissaient au début du monde.

Mais aussi que tout homme était habité à l’origine par un principe spirituel éternel et divin qu’il avait perdu lors de sa chute dans le monde matériel.

C’est ce même concept que les orphistes grecs appelaient sôma/sêma, et qui supposait que l’homme avait une double origine : une part purement divine et une autre plus « audacieuse » héritée des Titans (spirituel et matériel).

Au XIIIe siècle, la prise de conscience d’une nouvelle spiritualité, initiée en partie par le gnosticisme, la philosophie grecque et la Kabbale hébraïque, allait éprouver sérieusement la suprématie de l’Église de Rome.

Mais à la fin du XIIe siècle, des textes hébraïques comme le Sepher HaBahir (ou le livre de la Clarté), une réinterprétation du Sepher Yetsirah (ou livre de la Création), contribuaient déjà au développement de la Kabbale médiévale.

C’est dans ce contexte que plusieurs hommes admirables allaient émerger de l’histoire et exercer une influence considérable sur la pensée occidentale…

 

Joachim de Flore

En 1190-1191, Richard Cœur de Lion, petit-fils de Guillaume de Poitiers « le premier troubadour », revenant de la troisième croisade, décida de s’arrêter chez un ermite de la montagne connu pour ses dons prophétiques.

Joachim de Flore naquit dans un petit village de Calabre aux alentours de 1135 et vécut en ermite de nombreuses années avant de prendre l’habit blanc des moines de Cîteaux au monastère de Corrazo et de fonder sa propre abbaye, celle de Flore, perchée dans les montagnes aux environs de Causenza.

Il essayait de comprendre l’Apocalypse de Jean, lorsqu’un matin de Pâques, il se réveilla se sentant un homme neuf : on lui avait accordé une nouvelle faculté de compréhension…

Au Moyen Âge, ses nombreux commentaires prophétiques inspirèrent la pensée spirituelle et de nombreux mystiques partout en Europe comme plus tard les Rose-Croix.

Les écrits de Joachim avaient une dimension kabbalistique car il interprétait les textes bibliques sous l’angle du symbolisme des nombres et sa vision de ce qu’il appelait l’Arbre de Vie.

Mais l’aspect le plus frappant de la théorie de Joachim qui captiva l’imaginaire médiéval fut sa théorie de « Trois » :

Il disait que si l’Ancien Testament était l’Âge du Père qui avait imposé la crainte et l’obéissance et que le Nouveau Testament était celui du Fils, de l’Âge de l’Église et de la foi, alors la réalité de la Trinité suggérait qu’un troisième âge devait arriver, l’Âge de l’Esprit-Saint.

L’Église ne serait alors plus nécessaire car ce serait un âge de liberté et d’amour.

Joachim était initié : il existait donc également une dimension astrologique à sa pensée qui est généralement passée sous silence par les commentateurs de l’Église.

L’Ère du Père était celle du Bélier, l’Ère du Fils, l’Ère des Poissons, et l’Ère du Verseau serait celle du Saint-Esprit.

Joachim prophétisa qu’il y aurait une époque de transition entre la 2ème et la 3ème ère, âge auquel un nouvel ordre d’hommes spirituels éduquerait l’humanité, où Élie réapparaîtrait comme cela est dit dans le dernier verset de l’Ancien Testament, dans le livre de Malachie.

Élie serait le précurseur du Messie qui viendrait escorter l’humanité vers la grande « Innovatio ». Joachim annonça également que l’Antéchrist s’incarnerait avant le début de la troisième ère.

Joachim mourut le 30 mars 1202 mais ses prophéties continuent toujours aujourd’hui de fasciner les sociétés secrètes.

Aux environs de 1230, un disciple de Joachim entreprit de transcrire la pensée du moine, mais cette œuvre n’a été redécouverte qu’en 1940 à Reggio Emilia.

L’homme qui fit cette découverte, Mgr Leone Tondelli, lui donna alors le nom de « Liber Figurarum ».

En 1953, une seconde copie fut aussi découverte à Oxford dans la bibliothèque du Corpus Christi College.

Vers le milieu du XIIIe siècle, apparut un autre livre auquel les clercs attribuèrent aussitôt le titre « d’Évangile Éternel » et qui rassemblait, non sans interpolations ni apocryphes, les écrits du moine visionnaire de Flore.

Cette œuvre allait enfiévrer les cloîtres et les écoles, provoquer dans l’Église et la société entière une crise spirituelle, susciter presque une hérésie.

Toutes les âmes inquiètes et douloureuses, avides d’un renouveau, crurent que s’inaugurait la grande ère sabbatique, prédite par l’Apocalypse de Jean.

Toutes regardèrent alors vers le ciel pour y épier les signes de la colère ou du pardon, l’étoile Absinthe, la clef de l’Abîme, les sauterelles couronnées et le galop du cheval pâle, monté par celui qui se nomme la Mort…

Mais en dehors de Joachim, un autre homme allait aussi avoir une énorme influence sur la pensée religieuse de cette époque…

 

Saint François d’Assise

François (dont le vrai nom était Giovanni di Pietro Bernardone) naquit en 1181 dans un monde où les serfs souffraient d’une pauvreté extrême et où les êtres difformes, les vieux, les pauvres et les lépreux étaient traités avec un profond mépris.

Le clergé, aisé, vivait confortablement en exploitant ses serfs et persécutait quiconque n’était pas d’accord avec lui.

En 1206, François était un riche jeune homme de 20 ans. Il vivait en Italie, à Assise, une vie insouciante et cruelle, évitant tout contact avec la difficulté et retenant son souffle quand il voyait un lépreux.

Pourtant, un jour où il se promenait à cheval, son animal se cabra soudainement et il se retrouva face à un lépreux…

Il descendit de sa monture et, avant même qu’il s’en rende compte, il était en train de serrer sa main sanguinolente et d’embrasser ses joues et ses lèvres purulentes.

Il sentit le lépreux retirer sa main et, quand François leva les yeux sur lui, il avait disparu…

Il sut alors, tout comme Saint Paul sur la route de Damas, qu’il avait rencontré le Christ ressuscité.

La vie et la philosophie de François furent alors totalement remises en question. Il commença à voir clairement que les Évangiles recommandaient une vie de pauvreté, dévouée à aider les autres.

François disait que la pauvreté consistait à ne rien avoir, à ne rien désirer, et pourtant à tout posséder vraiment, l’esprit libre.

Il en arriva à considérer que l’expérience en elle-même est importante et non ce que nous vivons.

Les choses que nous possédons ont une emprise sur nous et menacent de prendre le pouvoir sur notre vie.

Une voix provenant d’un crucifix peint sur un tableau de l’église de San Domenico, près d’Assise, lui dit un jour : « François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine. »

Cet appel fut pour François une expérience ineffable à laquelle il ne put résister…

Il transforma sa nature non seulement dans ses dimensions animale et végétale mais également, dans sa dimension matérielle, si bien que les animaux lui répondaient de manière incroyable.

La légende raconte qu’un terrible loup menaçait le village montagnard de Gubbio et que François partit à sa rencontre.

Le loup se précipita sur lui mais, dès qu’il entendit François lui ordonner de ne faire de mal à personne, il se coucha à ses pieds et, depuis ce jour il se mit à le suivre partout, totalement apprivoisé.

À titre anecdotique, sachez qu’il y a quelques années, le squelette d’un loup a été retrouvé enterré sous le sol de l’église de San Francesco della Pace, à Gubbio !

Dans la première biographie de saint François, « Les Petites Fleurs de saint François d’Assise », il est dit qu’il découvrit les mystères de la nature grâce à la sensibilité de son cœur.

Pour François, tout était vivant. Il avait une vision extatique du cosmos tel que le conçoivent les idéalistes : ce sont les hiérarchies célestes qui créent tout et qui donnent la vie.

L’esprit du Christianisme avait autrefois aidé à l’évolution du Bouddhisme. Il avait introduit l’enthousiasme qui avait aidé les enseignements de compassion universelle de Bouddha à s’épanouir dans le monde matériel (voir notre chapitre Ouroboros 10).

Mais à ce moment de l’histoire, c’est l’esprit du Bouddha qui aida à réformer le Christianisme, en inspirant la simple dévotion et la compassion pour chaque chose vivante.

Un jour, vers la fin de sa vie, saint François méditait et priait sur le mont « La Verna » devant sa cellule d’ermite quand le ciel se remplit soudain de lumière : un Séraphin à six ailes lui apparut.

François s’aperçut que cet être avait le même visage que celui du crucifix peint qui l’avait envoyé en mission. Il comprit que Jésus-Christ l’envoyait sur une nouvelle mission.

Saint François d’Assise s’éteignit le 3 octobre 1226.

Peu après sa mort, l’ordre des Franciscains qu’il avait fondé se trouva dans la tourmente. Le pape demandait aux frères de prendre davantage de responsabilités parmi lesquelles l’acquisition de terres et la gestion de l’argent.

De nombreux franciscains y virent une violation de la vision de François et fondèrent des groupes séparatistes, les « Fraticellis », Fraticelles ou Spirituels franciscains.

Pour eux-mêmes, comme pour les étrangers, ils étaient ce nouvel ordre d’hommes spirituels qui conduirait l’Église à sa fin comme Joachim de Flore l’avait prédit.

C’est pour cette raison que les disciples de Saint François furent persécutés comme les hérétiques Cathares et tués.

Si Saint François fut un des piliers de l’Église du Christ et qu’il l’a aidée à ne pas s’effondrer complètement, il n’a jamais pu véritablement la réformer comme la voix du crucifix le lui avait demandé !

La tradition secrète dit que le séraphin qui donna à saint François ses stigmates lui avait annoncé que sa nouvelle mission devait être accomplie après sa mort.

Une fois par an, le 3 octobre, pour l’anniversaire de sa mort, il devait conduire l’esprit des défunts en dehors des sphères lunaires, vers les hiérarchies supérieures…

Si l’on compare le mysticisme de Saint François d’Assise avec celui d’un autre missionnaire et théologien franciscain célèbre du XIIIe siècle, on observe qu’un changement profond s’était opéré dans le monde en très peu de temps…

 

Ramón Llull

Ramón Llull (Ramon Llull en catalan, Raimundus ou Raymundus Lullus en latin), qu’on appelait aussi « Arabicus Christianus » (Arabe chrétien), « Doctor Inspiratus » (docteur inspiré) ou encore « Doctor Illuminatus » (docteur illuminé), naquit à Palma, la capitale de Majorque, en 1235.

Il fut élevé en tant que page à la cour du roi Jacques 1er d’Aragon et disait qu’il fallait gravir les marches de l’échelle de l’humanité jusqu’à atteindre la gloire de la nature divine.

Pour lui, cette ascension mystique était possible en travaillant sur ce qu’il appelait « les pouvoirs de l’âme » : les émotions, l’imagination, la compréhension et la volonté.

Majorque était à cette époque à la croisée des trois cultures, chrétienne, islamique et juive, au point que la majeure partie des 280 œuvres attribuées à Llull furent d’abord écrites en arabe puis dans la langue romane locale.

Vers 1263, pour ses 30 ans, Ramon affirma avoir eu durant cinq nuits consécutives des visions du Christ en croix.

Il se retira au couvent du Mont Randa (une croupe aride dont les arêtes charpentent l’île de Majorque) où il se dédia à la méditation et à la contemplation.

Une nuit, il y eut la révélation d’un « Art » admirable qui expliquait tout, et il descendit, transformé, du mont Randa.

Les impressions profondes provoquées par cette révélation le poussèrent à vendre ses biens, à abandonner sa famille et à utiliser cet « Art » pour convaincre les musulmans de l’incohérence logique de leurs croyances afin de les convertir.

En 1265, il connut et acheta à Palma de Majorque un esclave musulman qui lui enseigna l’arabe.

L’un des principaux objectifs de la littérature de Llull fut par la suite d’argumenter son opposition aux rationalistes comme Averroès et de montrer la vérité du point de vue des chrétiens, d’une manière si limpide que même les plus fervents des musulmans pussent l’apprécier sans aucune erreur.

En 1275, après neuf années de formation théologique et morale au monastère cistercien de La Real, il écrivit son monumental Livre de contemplation de Dieu (1273 – 1274) et conçut son système de pensée, « l’Art ».

Il transcrira « l’Art » sous la forme de deux premières œuvres : l’Ars compendiosa inveniendem veritatem (1274) et l’Ars demostrativa (1283).

Puis, il tentera ensuite, en vain, de persuader le pape Nicolas IV de leur valeur de son « Art ».

La seconde partie de « l’Art » fut décrit dans l’Ars inventiva, l’Ars amativa (1290), la Taula general (1294), l’Ars generalis ultima (1305 – 1308).

Llull en présenta même une version abrégée dans l’Ars brevis (1308).

En 1289, il fut appelé à Montpellier par le prince Jacques (Jacques II de Majorque, fils de Jacques 1er d’Aragon) afin de lui fournir les fonds nécessaires pour fonder une école de missionnaires franciscains à Miramar.

En 1291, sans l’appui du Pape, il se rendra seul à Tunis pour convaincre les docteurs musulmans.

Le Bey condamnera alors à mort le malheureux missionnaire, mais un musulman influent, instruit et tolérant, fit admettre qu’on ne pouvait exécuter un fou !

Relâché et chassé, Llull revint à Gênes d’où il descendit à la cour de Naples, vers 1292. C’est à cette époque qu’il rencontra le grand alchimiste Arnauld de Villeneuve.

Après une autre tentative de persuader le nouveau pape Clément V du bien-fondé de sa mission, puis son successeur Boniface VIII, Llull se remit à voyager : Montpellier, Gênes, Majorque, Paris où il séjourna en 1298 pour faire approuver l’enseignement de son « Art ».

En 1305, âgé de 70 ans, il retournera en Afrique et réussit alors à convertir des musulmans à Bône mais fut arrêté à Alger et chassé de la ville.

En 1307, après avoir été libéré de la prison de Bougie (en Kabylie), il regagnera l’Europe et fera naufrage sur les côtes italiennes.

Ars Magna - Prima Figura

Llull pensa et élabora une machine logique, qu’il baptisa « Ars Generalis Ultima » (Art général ultime) ou « Ars magna » (Grand Art).

Les théories, sujets et prédicats théologiques étaient organisés en figures géométriques considérées comme parfaites : cercles, carrés, triangles.

En actionnant des cadrans, des leviers, des manivelles et en faisant tourner une roue, les propositions et les thèses se déplaçaient sur des guides pour se positionner en fonction de la nature positive (vraie) ou négative (fausse) qui leur correspondait.

En réalité, la théorie sous-jacente à cet outil, procédait d’une assimilation de la théologie à la philosophie, s’appuyant sur l’hypothèse qu’il fut possible de démontrer les vérités des deux disciplines comme si elles ne faisaient qu’une.

Ces définitions étaient en plus univoques par le fait qu’elles étaient applicables indistinctement au monde divin ou au monde créé.

Pour Llull, chaque branche du savoir se ramenait à un petit nombre de catégories de base. Leurs combinaisons fournissaient l’indéfinie diversité des connaissances accessibles à l’esprit humain.

Ainsi, les combinaisons deux à deux de 16 éléments de base fournissaient 120 possibilités différentes.

Lorsque les combinaisons incluaient chacune 8 éléments, elles donnaient alors 12 870 possibilités nouvelles.

Llull donna des règles pratiques pour former ces combinaisons ; il voyait dans son Grand « Art » une sorte de super science, qu’on appellerait aujourd’hui métascience.

Ramon Llull - Ars Combinatoria

À la fin de sa vie, Llull se rendra à Tunis où il sera maltraité par la populace et laissé pour mort.

Des marchands génois le recueillirent alors à bord de leur vaisseau, mais les circonstances de sa mort restent incertaines.

Certains avancent qu’il mourut en mer le 29 juin 1315, lors de la traversée pendant son retour de Tunis pour Majorque.

D’autres, qu’il fut lynché par une foule de musulmans exaspérés.

La légende veut qu’il ait été lapidé à Bougie et qu’il ait été ramené à Majorque avec l’auréole du martyr…

Intéressons-nous maintenant à un célèbre dominicain qui eut lui aussi une très grande influence sur le XIIIe siècle mais qui, contrairement à Llull, obtient les faveurs de Rome…

 

Albert le Grand

Albert le Grand (dont le véritable nom était Albrecht von Bollstädt) naquit en 1193 à Lauingen en Souabe (Bavière).

Il avait l’air ennuyeux et idiot jusqu’à ce qu’il ait une vision de la Vierge Marie.

Il devint alors frère dominicain et fut même nommé évêque de Ratisbonne de 1260 à 1263 par le pape Alexandre IV.

Mais il préféra retourner à l’enseignement et devint bientôt le philosophe le plus célèbre d’Europe.

Le plus connu de ses disciples fut saint Thomas d’Aquin, qui était de presque 33 ans son cadet.

Albert le Grand

Albert étudia la science d’Aristote, la physique, la médecine, l’architecture, l’astrologie et l’alchimie, ainsi que le petit texte d’Hermès Trismégiste « La Table d’émeraude » qui contient l’axiome central de l’hermétisme :

« … tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas : pour accomplir le miracle d’une seule chose… »

La légende qui veut qu’Albert le Grand fut l’architecte de la cathédrale de Cologne provient probablement du livre qu’il aurait soi-disant écrit, « Liber constructionum Alberti », contenant les secrets des ouvriers francs-maçons sur la construction des fondations des cathédrales d’après les lignes astronomiques.

On dit qu’il construisit aussi un étrange automate, « l’Androïde », qui était capable de parler, de penser et de bouger de son propre chef.

Il était fait de cuivre et d’autres métaux, choisis pour leur correspondance magique avec les corps célestes et Albert le Grand lui donnait la vie en lui murmurant des incantations magiques et des prières à l’oreille.

Il étudia aussi des méthodes pour déceler le métal dans les profondeurs de la terre en utilisant des techniques occultes.

Mais en réalité, l’ancienne tradition secrète nous apprend que les histoires qui parlent de fouiller les profondeurs de la terre afin d’y découvrir du métal, fond souvent allusion à une certaine sorte d’initiation.

Afin que vous en compreniez le sens, voici, d’après nos souvenirs, le récit d’une cérémonie qui eut lieu en Irlande au Moyen Âge :

Un soldat du nom d’Owen, qui avait servi Étienne d’Angleterre, s’enfuit au monastère de Saint-Patrick, à Donegal.

Il y jeûna neuf jours, déambulant dans le monastère et prenant des bains purificateurs rituels.

Au neuvième jour, il fut admis dans la chambre souterraine d’où tous ceux qui entrent ne ressortent pas. Là, on le coucha dans une tombe éclairée par une unique ouverture.

Cette nuit-là, Owen fut visité par quinze hommes, tous vêtus de blanc, qui l’avertirent qu’il allait subir une épreuve.

Soudain, un groupe de démons lui apparut et le tint au-dessus d’un feu avant de lui montrer des scènes de supplice, comme celles que décrit Virgile…

En 1274, Albert le Grand participa au concile de Lyon, puis inaugura en 1275 l’abbaye Saint-Vit de Mönchengladbach.

Il mourut le 15 novembre 1280 à Cologne (Allemagne).

Il fut béatifié en 1622 par Grégoire XV, puis canonisé en 1931 par le pape Pie XI qui le proclama « docteur de l’Église » et « saint patron des savants chrétiens » en 1941.

Mais intéressons-nous maintenant à son plus célèbre disciple…

 

Saint Thomas d’Aquin

Thomas d’Aquin (1224 – 1274) s’était inscrit à l’université de Paris pour étudier Aristote auprès de son maître mais il découvrit par la suite que le plus grand des aristotéliciens était musulman.

Averroès prétendait que la logique aristotélicienne prouvait que le Christianisme était absurde.

La logique allait-elle étouffer la religion et toute forme de vraie spiritualité ?

L’œuvre de Thomas d’Aquin s’achève par son imposante Somme théologique, probablement le livre de théologie le plus influent jamais écrit.

Son but était de démontrer que la philosophie et le Christianisme n’étaient pas seulement compatibles mais qu’ils s’illuminaient réciproquement.

Thomas d’Aquin utilisa les outils analytiques les plus fins pour penser le monde des esprits.

Il fut capable de catégoriser les êtres des hiérarchies célestes, les plus grandes forces cosmiques qui créent les formes naturelles comme nos expériences subjectives.

La Somme contient, par exemple, les enseignements définitifs de l’Église concernant les quatre éléments pénétrés d’une intelligence vivante et non pas d’une pensée dogmatique abrutissante.

Thomas d’Aquin est un personnage clé de l’histoire secrète car son grand triomphe intellectuel sur Averroès a permis à l’Europe de se prémunir contre le matérialisme scientifique qui l’aurait envahie quelques centaines d’années trop tôt.

Considéré comme l’un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, il a été canonisé le 18 juillet 1323 puis fut proclamé docteur de l’Église par Pie V en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880.

Il est également un des patrons des libraires et est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique ».

Son corps est conservé sous le maître-autel de l’église de l’ancien couvent des dominicains de Toulouse.

On sait, sans l’ombre d’un doute, que Thomas d’Aquin était un alchimiste comme Albert le Grand, qui croyait qu’il était possible d’exploiter le pouvoir des esprits pour apporter des changements dans le monde matériel…

Tombeau de Saint Thomas d'Aquin

De nos jours, l’alchimie peut sembler une activité étrange et mystérieuse. Mais elle est, en réalité, très familière à tous ceux qui fréquentent les églises car c’est exactement ce qui se passe à l’apogée de la messe.

C’est Thomas d’Aquin qui le premier a formulé la doctrine de la transsubstantiation du pain et du vin.

Ce qu’il décrit est essentiellement un processus alchimique par lequel la substance du pain et du vin change et qu’une transsubstantiation parallèle s’opère dans le corps humain.

La messe n’induit pas simplement une nouvelle disposition d’esprit, une détermination à mieux faire mais un changement physiologique vital…

Ce n’est pas un hasard si Thomas d’Aquin a formulé sa doctrine au moment même où les histoires du Graal commençaient à circuler (voir notre chapitre Ouroboros 14).

Ces dernières décrivent le même processus bien qu’en faisant appel à des méthodes différentes.

De tous les textes d’alchimie qui lui sont attribués, selon les spécialistes, au moins un est authentique.

Pour mieux le comprendre, il est utile de le comparer à l’un de ses plus emblématiques contemporains…

 

Roger Bacon

Roger Bacon (1214 – 1294) comme Thomas d’Aquin, trouvait la pensée magique et était représentatif de la grande impulsion de l’époque : renforcer et affiner l’intelligence.

La capacité de penser longuement et de manière abstraite, de jongler avec les concepts n’avait existé brièvement que dans l’Athènes de Socrate, de Platon et d’Aristote avant d’être étouffée.

Une nouvelle tradition, plus vivante et plus durable, émergea donc avec ces deux hommes…

Ils étaient tous deux des hommes profondément religieux qui cherchaient à parfaire leurs croyances en se basant sur l’expérience elle-même.

Bacon disait : « Sans l’expérience des sens, il n’est point de possibilité pour une connaissance sûre. »

Bacon était plus pragmatique mais quand il explorait les aptitudes surnaturelles de l’esprit, il invoquait les mêmes entités provenant des mêmes hiérarchies spirituelles que celles que l’Aquinate avait répertoriées.

Ils appliquaient tous deux une analyse rigoureuse et logique, et leur mysticisme n’avait rien de comparable avec celui, irréfléchi et extatique, des Cathares.

Jeune universitaire à Oxford dans les années 1250, Roger Bacon comme Pythagore avant lui, était résolu à connaître tout ce qu’il y avait à connaître.

Il voulait posséder toutes les connaissances des universitaires de la cour d’Haroun al-Rachid, le célèbre calife de Bagdad qui inspira le conte des mille et une nuits (voir notre chapitre Ouroboros 14).

Roger Bacon devint alors l’image même du magicien : il apparaissait parfois dans la rue vêtu de robes islamiques et on l’affublait du nom de Docteur mirabilis (admirable).

Le reste du temps, il le passait à travailler jour et nuit, enfermé dans sa chambre qui était parfois le théâtre d’explosions.

Bacon faisait des expériences pratiques avec des métaux et du magnésium par exemple : il découvrit notamment la poudre et ce, indépendamment de l’influence des Chinois.

Un jour, il effraya ses étudiants en éclairant un cristal, ce qui produisit un arc-en-ciel, chose que, disait-on à l’époque, seul Dieu savait créer.

Il possédait également une longue-vue, magique aux yeux des autres, qui lui permettait de voir à 80 kilomètres à la ronde : il fut un des rares à cette époque à comprendre les propriétés des lentilles.

Cependant, il est certain que Bacon avait des pouvoirs qui allaient bien au-delà de ce que la science d’aujourd’hui pourrait expliquer.

Il utilisait une méthode à base de prières et des symboles magiques.

De la même manière, il était capable d’enseigner l’hébreu en quelques semaines et ses étudiants le maîtrisaient si bien qu’ils étaient capables de lire les Écritures.

La magie n’est autre que le pouvoir de l’esprit sur la matière.

C’est pourquoi la philosophie ésotérique cherche des méthodes qui permettent de développer les facultés de l’esprit, de façon à pouvoir manipuler les lois naturelles.

Chez Bacon, l’intelligence et l’imagination étaient très développées et chacune agissait sur l’autre.

En 1270, il écrivit :

« On pourrait construire des machines propres à faire marcher les plus grands navires plus rapidement que ne le ferait toute une cargaison de rameurs : on n’aurait besoin que d’un pilote pour les diriger.

On pourrait aussi faire marcher des voitures avec une vitesse incroyable, sans le secours d’aucun animal […].

Enfin, il ne serait pas impossible de faire des instruments qui, au moyen d’un appareil à ailes, permettraient de voler dans l’air à la manière des oiseaux […]. »

Cet homme remarquable avait donc déjà au Moyen Âge, une vision parfaitement claire du monde technologique tel qu’il le sera à partir du XXe siècle…

Bacon était un franciscain qui, comme le fondateur de son ordre, aspirait à un monde meilleur, plus honnête et bienveillant pour les pauvres et les dépossédés.

Dans Le Nom de la Rose d’Umberto Eco, le héros aux airs de Sherlock Holmes, William de Baskerville, fait une distinction entre deux formes de magie : la magie du Diable qui cherche à faire du mal aux autres par des moyens illicites, et la magie sacrée qui redécouvre les secrets de la nature, la science perdue des anciens.

Comme les alchimistes arabes qui l’influencèrent, Bacon travaillait à la frontière de la magie et de la science qui constituait aussi essentiellement l’essence de l’alchimie.

Bacon a écrit un traité appelé « le Miroir d’Alchimie » et il aimait rappeler l’adage d’un grand érudit de la Kabbale, saint Jérôme, qui disait à peu près ceci :

« On peut trouver bien des choses incroyables, au-delà des limites de ce qui est probable, et qui sont vraies justement à cause de cela. »

Comme chez Llull, Bacon faisait allusion à l’entrainement de l’imagination.

Bien évidemment, les idéalistes ont une vision bien plus exaltée de l’imagination que les matérialistes : pour les idéalistes, l’imagination est une faculté qui permet de comprendre des réalités supérieures.

L’entrainement de cette faculté est la discipline centrale à toute pratique ésotérique, aussi bien des initiations aux sociétés secrètes que de la magie.

Pour les occultistes et les ésotéristes, l’imagination est importante aussi parce qu’elle est la grande force créatrice de l’univers.

L’univers est une création de l’imagination de Dieu et c’est encore notre imagination qui nous permet d’interpréter la Création et de la manipuler.

La créativité humaine, qu’elle soit magique ou non, résulte donc d’une façon particulière de canaliser les puissances de l’imaginaire.

Dans les textes d’alchimie, le sperme est souvent décrit comme étant un résultat de l’imagination. C’est une manière de dire que l’imagination renseigne non seulement le désir, mais qu’elle a aussi le pouvoir de transformer nos natures matérielles en profondeur.

Les initiés qui savent travailler sur ces puissances créatrices sont capables de transformations magiques puissantes, en dehors de leur propre corps, dans le monde matériel…

Dès son plus jeune âge, un initié indien apprend à voir un serpent apparaître devant lui et ce, avec un tel pouvoir de concentration et une imagination tellement entraînée qu’il pourra un jour faire en sorte que les autres le voient aussi.

Bien évidemment, lorsqu’on accorde autant d’importance à l’imagination, on court le danger de se rapprocher dangereusement du fantasme, le risque que tout ce travail sur l’imaginaire se termine en hallucination : la magie peut ressembler à un leurre pour se berner soi-même.

L’approche « systématique » des sociétés secrètes était destinée à contrer cela…

Saint Bernard de Clairvaux, qui écrivit le recueil de règles des Templiers, conseillait un entrainement systématique de l’imagination.

En convoquant les images de la naissance, de l’enfance, du ministère et de la mort de Jésus-Christ, on pouvait invoquer son esprit.

Ainsi, si on imaginait, par exemple, une scène de la vie quotidienne dans laquelle Jésus-Christ était impliqué, qu’on visualisait les casseroles et la vaisselle, ses vêtements, son apparence, ses rides, l’expression de son visage, et le sentiment que l’on éprouve lorsqu’on est regardé par Lui avec cette expression et que, soudain, on cessait la visualisation, ce qui resterait pourrait être l’essence de l’esprit du Christ.

Au XIIIe siècle, un kabbaliste espagnol célèbre écrivit en développant l’idée du « mot créateur » de Dieu.

Dans les textes kabbalistiques précédents, les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu avaient été décrites comme des pouvoirs créatifs.

Au commencement, Dieu avait agencé ces lettres pour en faire des mots et c’est à partir de ces mots que s’étaient révélées les différentes formes de l’univers…

 

Abraham Aboulafia

Abraham ben Samuel Aboulafia naquit à Saragosse en 1240, il passa sa jeunesse à Tuleda en Navarre.

Son père lui enseigna l’étude de la Bible et de ses commentaires, de la grammaire, de la Michna et du Talmud.

Il entreprit ensuite des études de médecine et de philosophie, et plus particulièrement l’étude des ouvrages de Maïmonide par lequel sa pensée restera toujours très influencée.

Il étudia enfin la Kabbale et plus particulièrement du Sefer Yetsirah dont il lira les douze commentaires, puis entra en contact avec un groupe de kabbalistes mystiques qui lui enseigna les trois méthodes d’interprétation de la Kabbale :

Le Notarilon (acrologie), la Guematria et le Tserouf.

À l’âge de 31 ans, à Barcelone, il fut touché par l’esprit prophétique après avoir obtenu la connaissance du Vrai Nom de Dieu.

Il fut alors persuadé d’avoir atteint, par la méditation des lettres et des nombres, l’inspiration prophétique et l’état de Messie.

Fort de l’essence divine qui l’animait, il décida de transmettre ses connaissances.

Il rédigea plusieurs ouvrages prophétiques qu’il signa de noms de même valeur numérique que son vrai nom : Zacharie, Raziel…

Aboulafia proposait à ses initiés de participer à ce processus créatif en combinant et recombinant les lettres hébraïques de la même manière.

Il conseillait de se retirer dans une pièce tranquille, de porter une robe blanche, d’adopter des poses rituelles et de prononcer les noms divins de Dieu.

De cette manière, on atteignait un état de transe visionnaire et extatique qui donnait accès à des pouvoirs secrets…

La notion de « mots de pouvoir », qui donnent à un initié le pouvoir sur le monde des esprits et de surcroit sur le monde matériel, est très ancienne.

On dit que Salomon avait ce pouvoir et dans son Temple, le tétragramme (le nom le plus puissant et sacré de Dieu) ne pouvait être prononcé qu’une fois l’an, le jour de l’Expiation, par le grand prêtre lui-même, seul dans le saint des saints.

Au-dehors, trompettes et cymbales jouaient pour que personne ne l’entende. On disait que celui qui savait comment prononcer ce mot pourrait terrifier les anges.

Avant cela, les Égyptiens disaient que Râ, le dieu du Soleil, avait créé le cosmos en utilisant des mots de pouvoir et que ces mots donnaient aux initiés une maîtrise non seulement sur cette vie-ci, mais aussi sur l’au-delà…

Abraham Aboulafia conseillait également de faire des schémas des noms de Dieu. Dans la tradition hébraïque, les signes magiques et les sceaux ont toujours été fréquemment utilisés.

Au Moyen Âge, on y ajouta des éléments égyptiens et arabes, et cette pratique se répandit, ceci largement grâce à la diffusion de grimoires comme « Le Testament de Salomon » et « La Clé de Salomon ».

La plupart des sortilèges contenus dans ces grimoires promettaient la réalisation de désirs purement égoïstes : qu’il s’agisse de désirs sexuels, de vengeance ou encore de la découverte d’un trésor.

La préparation d’ingrédients comme la cire d’abeille, le sang d’un animal, la poudre de magnétite, le soufre et pourquoi pas, la cervelle d’un corbeau, étaient suivis d’une séance de purification.

Puis venait la cérémonie elle-même pendant laquelle on pouvait voir apparaître des faucilles, des baguettes magiques ou des épées, cérémonie célébrée à un moment propice à la convocation des esprits.

Par ce procédé, on arrivait à faire inscrire sur un anneau ou même sur un simple morceau de papier, le sceau ou la signature de l’esprit qui affectait ensuite celui qui le portait, sciemment ou pas, de manière positive ou négative.

Au milieu du XIVe siècle, le Livre d’Abraham le juif apprenait à déclencher les tempêtes, à ressusciter les morts, à marcher sur l’eau et à être aimé d’une femme.

Tout cela pouvait être accompli grâce aux sceaux et carrés des lettres kabbalistiques…

L’Église fait aujourd’hui une distinction très nette entre certaines cérémonies visant à invoquer les puissances spirituelles, qui ont lieu dans le contexte strictement liturgique, et toutes les autres cérémonies destinées à commercer avec, ou à invoquer les esprits, qui ne se dérouleraient pas sous son égide.

Ces dernières sont cataloguées comme « occultes », ce qui, dans le langage moderne de l’Église, signifie le plus souvent « magie noire ».

Au Moyen Âge, ce genre de distinction aurait été impossible car pour garantir les récoltes ou s’assurer d’un succès lors d’un duel, l’Église permettait que certains rituels soient pratiqués sous son autorité.

Le pain consacré était considéré comme un remède pour les malades et une protection contre la peste. On faisait des amulettes qui protégeaient de la foudre et de la noyade à partir de la cire des cierges.

On glissait sous les toits des morceaux de papier où étaient inscrites des formules magiques afin de se prémunir contre le feu.

Les cloches des églises pouvaient chasser le tonnerre et les démons ; des malédictions solennelles étaient prononcées afin d’éloigner les chenilles et l’eau bénite était répandue sur les champs pour s’assurer d’une bonne récolte.

Les reliques sacrées étaient considérées comme des fétiches faiseurs de miracles.

Le baptême rendait la vue aux enfants aveugles et les vigiles nocturnes dans le tombeau d’un saint suscitaient des rêves visionnaires et la guérison dans la tradition du « Temple du sommeil » d’Asclépius.

Mais cette distinction se fonde sur un malentendu…

La magie est également un procédé incertain d’invocation des esprits qui implique aussi des entités très haut placées.

Au Moyen Âge, tout le monde croyait aux hiérarchies spirituelles.

La croyance sous-jacente à toutes les pratiques spirituelles, que ce soit au sein de l’Église ou non, était la suivante : le fait de répéter une formule comme une prière, ou de célébrer une cérémonie, avait le pouvoir d’influencer les événements matériels en bien ou en mal.

Par ces pratiques, les gens croyaient qu’ils pouvaient communiquer avec les ordres des esprits éthérés qui contrôlaient le monde matériel…

La croyance et l’expérience universelles étaient, en ce temps-là, que la prière était efficace ou que la Providence récompensait le bon et punissait le mauvais.

L’histoire était perçue comme providentielle, mais pas de manière fataliste. Dieu avait un projet pour l’humanité et différents ordres d’êtres désincarnés et d’êtres incarnés aidaient à son déroulement…

C’était un projet dissimulé dans les écritures de la Bible que les prophètes élucidaient.

Mais ce projet pouvait mal tourner, encore aujourd’hui, le vendredi 13 est considéré par certains comme un jour néfaste…

Cela tient aussi au fait que le vendredi 13 octobre 1307, les rois du monde se décidèrent à réagir pour tenter d’éradiquer les influences ésotériques des Templiers qui étaient en train d’échapper à leur contrôle…

Lors de leur procès, quelle vérité se cachait derrière leur confession ?

Le Nouveau Testament a toujours eu des racines juives que les érudits chrétiens ont systématiquement feint d’ignorer.

En appliquant le cryptogramme « Atbash » qui consiste à inverser la première lettre de l’alphabet avec la dernière, la deuxième avec l’avant-dernière et ainsi de suite, le mot « Baphomet » prenait une tout autre signification :

« Sagesse »…

Jacques de Molay sur le bûcher

Pour finir, sachez que le cryptogramme Atbash fut aussi utilisé pour crypter des messages dans le livre de Jérémie, comme aussi dans certains des manuscrits de la Mer Morte !

Dans notre prochain chapitre, nous parcourrons à nouveau les souterrains occultes de l’humanité et nous partirons à la rencontre de Dante, Raphaël, Léonard de Vinci, Jeanne d’Arc et de Rabelais…

 

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